L’espace du domestique aux deux premiers siècles de l’Empire romain

Marguerite Garrido-Hory (Universitè de Franche-Comté)

Si les esclaves et les affranchis apparaissent dans tous les secteurs de la société romaine et provinciale, le cadre de la domus semble bien être un espace privilégié d’analyse dans la mesure où c’est principalement dans la familia que peuvent se tisser des liens privilégiés entre le maître (ou la maîtresse) et les dépendants. Il convient donc de voir l’importance, quantitative et qualitative, de ces domestiques, leur rôle réel ou non, leur devenir - possibilités de promotion ou de régression - au sein d’un univers de dominants/dominés où le statut juridique des individus conditionne et règlemente la reproduction d’une société fortement ancrée dans le passé mais aussi en proie à des bouleversements profonds.
Les textes « satiriques » (Martial, Juvénal, Pétrone principalement) sont un observatoire de choix pour étudier cet espace car ils émanent d’auteurs engagés dans la vie politique de leur époque et qui s’investissent fortement dans le discours écrit, faisant de leurs écrits un élément de lutte. Même si les dépendants apparaissent souvent de façon marginale, en toile de fond en quelque sorte, leur présence permanente et quelquefois active, approuvée ou contestée par l’auteur, forme la trame incontournable de toutes les relations sociales.
C’est ce rapport locuteur/énoncé qui peut nous éclairer sur l’espace véritable du domestique aux deux premiers siècles de l’Empire.